Emma Bee : une coopérative éthique et équitable

Du miel naturel pour une vie saine et pour la protection de l’environnement, aux environs de Kinshasa et dans le Bas-Congo

La dynamique de la conflictualité dans l’ouest de la République Démocratique du Congo

Depuis bientôt deux ans, plusieurs agglomérations de l’ex-Grand Bandundu dans la partie ouest de la République Démocratique du Congo (RDC) sont affectées par des massacres systématiques commis par des miliciens armés se réclamant de l’ethnie Teke, opposés à l’ethnie Yaka. Ces deux communautés, qui ont toujours cohabité jusqu’ici et qui partagent une vie de pauvreté depuis des générations, sont sans doute victimes de manipulations politiciennes. L’incapacité de l’Etat à juguler cette crise a pour conséquences son aggravation, au point qu’elle s’étend maintenant jusque dans certaines agglomérations de Kinshasa (Nsele, Maluku, Minkao, Mbakana…), où des massacres peuvent avoir lieu en pleine journée, parfois contre les agents de l’ordre, lorsque ce ne sont pas ces derniers qui s’attaquent à des civils, les accusant de faire partie des milices incriminées.

La tragédie qui sévit dans l’Est de la RDC, concernant le Rwanda et le M23, captive plus l’attention des médias et des acteurs humanitaires, le conflit aux abords de Kinshasa passant totalement inaperçu. Et pourtant, en deux ans, ce dernier a entrainé des milliers des familles démunies et abandonnées à leur triste sort sur les routes, contraintes de chercher refuge dans la province voisine du Congo-Central, mais aussi au centre-ville et dans des zones rurales de Kinshasa.

C’est cet exode qui justifie le choix de la zone d’intervention de ce projet, c’est-à-dire à Maluku, en Congo-Central. Ce projet vise à soulager la misère que vivent les victimes de ce conflit ignoré, en appuyant des initiatives locales dans le secteur agro-pastorale.

 

Le potentiel agroécologique congolais

La République Démocratique du Congo détient un énorme potentiel de croissance. Durant les deux siècles derniers et jusqu’à ce jour, l’économie nationale était focalisée sur le secteur minier, sur lequel repose plus de 90 % des recettes d’exportations. Par ailleurs, les innombrables ressources minières dont regorge la RDC ont constitué, depuis plusieurs générations, la principale cause de malheurs du pays et de ses habitants. En effet, la convoitise des pays voisions et des puissances étrangères cherchant à piller lesdites ressources, couplée à la crise du leadership, de gouvernance et à la faiblesse institutionnelle chronique qui ont caractérisé le pays depuis son accession à l’indépendance en 1960, ont occasionné des guerres qui, de 1994 à ce jour, ont causé plusieurs millions de morts, des déplacés et des blessés au sein de la population civile.

 

Défis et opportunités

Le secteur agro-pastoral en RDC ne génère que 40 % du Produit Intérieur Brut (PIB), bien qu’il emploie 70% de la population active. Faute de production agricole, sans usine de production ni de transformation, la République Démocratique du Congo fait importer plus de 90 % de ses besoins en produits alimentaires. Le poulet, la viande, la salade, le miel, les poissons, ou encore les fruits consommés dans le pays proviennent essentiellement de l’Afrique du Sud, de la Belgique, du Brésil, de la Chine ou de l’Afrique de l’Est. Ces importations des vivres-frais coûtent plusieurs milliards d’USD à l’Etat congolais chaque année. Il faut ajouter le fait que parmi tous les grands importateurs et exportateurs enregistrés en République Démocratique du Congo, aucun congolais ne figure sur la liste.

Sur une superficie totale de 2.3 5.000 Km2, pour environs 100 millions d’habitants et un taux de croissance annuel de 3 %, la République Démocratique du Congo, couverte de moitié par la forêt, compte plus de 80 Millions d’hectares de terres arables, dont pourtant seulement 10 millions sont cultivées. Ces réserves forestières font de la RDC, aux côtés de la forêt primaire d’Amazonie, le « poumon du Monde », poumon qui ne profite qu’aux autres pays.

 

Emma Bee

Convaincue que la protection de l’environnement, la gestion et l’exploitation adéquate et intelligente des ressources agro-pastorales disponibles pourrait permettre à la RDC de sortir de sa léthargie en créant des richesses et des millions d’emplois dits « verts », mais aussi de réduire ou de régler pacifiquement les conflits sur son territoire, le Comité International pour la Gestion des Conflits (CIGC-ICCM) a ainsi accepter d’apport son appui aux initiatives locales, initiées par des paysans congolais et s’inscrivant dans cette perspectives. C’est la raison d’être de la collaboration entre la coopérative locale « Emma Bee », et CIGC, à travers son Réseau pour la Consolidation de la Paix et Afrique Centrale (RECOPAC).

 

Objectifs

Appuyer la protection de l’environnement, des écosystèmes, et des espèces animales et végétales, comme vecteur de la reconstruction, du développement et de la paix, constitue la priorité du Comité International pour la Gestion des Conflits.

C’est dans cette perspective que s’inscrit la Coopérative Emma Bee, une initiative locale située dans la commune rurale de Maluku à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, et qui accompagne quelques associations de femmes, des agriculteurs et des éleveurs impliqués dans la protection des ressources écologiques, notamment des ressources forestières et aquatiques dont regorgent les eaux et forêts disponibles en République Démocratiques du Congo.

Ainsi, dans certaines provinces de la République Démocratique du Congo affectées par la pauvreté et les conflits, Emma Bee apporte un appui aux associations des apiculteurs, en leur facilitant la production mais aussi le traitement et le conditionnement du miel selon les normes internationalement admises. La coopérative accompagne également lesdites associations dans l’emballage, la conservation et le conditionnement du miel dans des conditions optimales.

Produit localement et en petite quantité, par faute de moyens, ce miel est distribué et consommé dans la zone des savanes de la province du Congo-Central, à Kinshasa et ses environs. Produit des savanes, ce miel naturel, local, pur, et 100% écologique, est un exemple concret qui montre à quel point l’apiculture peut efficacement contribuer à favoriser et à encourager le « Made in Congo » dans un contexte où la quasi-totalité du miel consommé localement est importée de la Chine, de la France, de la Belgique, de Turquie, de l’Italie, de l’Afrique du Sud ou du Cameroun. Et cela, en dépit du fait que la République Démocratique du Congo détient plusieurs millions d’hectares de forêts, des savanes, des terres arables, encore non polluées et propices à une production apicole de grande qualité.

Par cette action, la coopérative sensibilise les populations locales sur la consommation du miel local et ses effets bénéfiques sur la santé. Les quelques revenus réalisés seront en grande partie reversées aux associations des producteurs, pour renforcer leur pouvoir d’achat et partant leur condition de vie, tout en améliorant les équipements, tels que les emballages, et les méthodes de travail.

A ce jour, le miel est emballé dans des bocaux de 350 mL, 1L et 5L.

Toute personne soucieuse d’appuyer et d’accompagner cette initiative peut commander ce miel à Kinshasa, en contactant Madame Bennie Mboyo par téléphone au +243 815 512 627, ou via notre formulaire de contact. Vous pouvez également nous contacter directement par email sur info@cigc-iccm.org